Les documents faisant l'objet de ce répertoire constituent le fonds produit par la commune mixte de Khenchela pendant toute la période de son existence (1880-1957). Certaines pièces, notamment celles constitutives des centres de colonisation, sont antérieures à sa création, par décret du 21 octobre 1880. D'autres documents ont au contraire été constitués et clôturés un an après la suppression de la commune mixte pour ainsi s'étendre jusqu'en 1958, l'ensemble du fonds recouvrant une période chronologique s'étendant sur presque un siècle. On distingue ici l'organisation administrative et politique de Khenchela à la fois grâce à des dossiers personnels retraçant et décrivant le parcours des personnages politiques et religieux indigènes et européens mais aussi des dossiers plus généraux illustrant le fonctionnement de la commune mixte par douars et mechtas. L'histoire de la commune mixte de Khenchela est tout de même la mieux représentée à travers les dossiers traités.D'une superficie approchant le million d'hectares, la commune mixte, d'une orientation générale Nord-Sud, s'étend du Chott Tarf au Nord au Chott Melguir au Sud, sur une longueur approximative de 160 kilomètres, englobant à l'Ouest la partie orientale de l'Aurès et à l'Est, une partie de la chaîne des monts Nementchas. Son territoire a vu son périmètre amputé du col de Khenchela et d'une partie du douar Bouderhem lors de la création de la commune de plein exercice de Khenchela (par décret du 20 mars 1911) avant d'être agrandi en 1912 par le rattachement des douars Ouldja-Chechar, Alienas, Taberdga, Khanga-Sidi-Nadji, Mahmel, Meggada et Tamarout suite à la dissolution de la commune indigène de Khenchela (par arrêté du Gouverneur général du 12 novembre 1912). Divisée en sections administratives plus restreintes, la commune mixte compte neuf centres de colonisation (représentés par des conseillers municipaux) et dix douars dirigés chacun par un caïd. L'unité de cette commune est assurée par la présence à sa tête d'un administrateur nommé
Cas commun à l'ensemble des communes mixtes, peuplées en méjorité de musulmans, alors que les communes de plein exercice, constituées d'Européens disposent comme en métropole d'un maire élu.
, par son autonomie financière et par sa commission municipale, dont les registres de délibérations et d'arrêtés ont été conservés pour une quarantaine d'années. Administrativement, la commune de Khenchela a longtemps appartenu à l'arrondissement de Batna, l'une des sept sous-préfectures du département de Constantine, entre 1848 et 1956. Par la suite et afin de répondre à une sous-administration de plus en plus flagrante, les territoires du Nord ont été réorganisés en douze départements
décret n°56-641 du 28 juin 1956
, dont celui de Batna (préfecture de l'Aurès). Une nouvelle hiérarchie territoriale se met en place avec l'établissement de six nouveaux arrondissements au sein du département de l'Aurès. Khenchela devient alors un arrondissement dépendant du nouveau département au même titre que Biskra, Corneille, Arris, Barika et Batna (ce dernier étant arrondissement chef-lieu), jusqu'en 1962. Quelques documents issus de l'organisation administrative de la commune témoignent de ce changement de statut et du début de son application.Présentant finalement peu de sources relatives aux événements de la guerre d'Algérie
qui pourra davantage s'étudier dans le fonds de l'arrondissement puis département de Batna, administration de tutelle de Khenchela
, le fonds de la commune mixte de Khenchela offre des pistes de recherches particulières : l'importance de la population indigène, point de mire de l'administration, se reflète par la proportion des dossiers qui lui sont consacrés. Sa présence quasi-constante dans les séries, quel que soit le thème évoqué, ne fait que refléter l'écrasante part qu'elle occupe dans la population totale : à l'instar des autres communes mixtes du pays, Khenchela est essentiellement peuplée par les indigènes (sur les 88 600 habitants recensés en 1936, pas moins de 88 300 personnes étaient d'origine algérienne). Les documents consacrés au culte consacrent cette prédominance puisque seul le culte musulman y est évoqué. Les dossiers du personnel apportent quant à eux un éclairage intéressant sur l'illustration du contrôle politique exercé par les Européens, notamment à travers les postes clés de l'administrateur et de ses adjoints. Les indigènes quant à eux occupent en grand nombre les postes de caïds, d'adjoints-indigènes mais aussi ceux d'employés de bureaux, faisant régulièrement l'objet de rapports moraux émanant des administrateurs. Les dossiers des centres de colonisation, remarquablement conservés, donnent un éclairage sur la constitution de la propriété foncière au sein de ce territoire ; les dossiers nominatifs des colons, eux aussi bien constitués, complètent cet ensemble qui représente un apport substantiel pour les chercheurs désireux de reconstituer l'histoire du peuplement en Algérie par la colonisation. Un article consacré à la participation et à l'implication de la commune mixte à l'effort de guerre lors du premier conflit mondial est à signaler tout particulièrement : on y trouve des dossiers relatifs à la défense du territoire, au ravitaillement, à la diffusion d'outils de propagande (de la mobilisation aux emprunts nationaux) et à la gestion des troupes indigènes. Enfin et surtout, on ne saurait insister assez sur l'importance de la rubrique consacrée aux questions juives : faisant écho au fonds classé, unique en son genre, du service des questions juives du département de Constantine, elle permet d'appréhender l'application de la législation anti-juive, relayée par la préfecture, au niveau d'une commune mixte. Quoique peu volumineuses, ces deux dernières rubriques ont fait l'objet ici d'une description beaucoup plus fine que les autres.