Le fonds est issu de l'activité d'une entreprise familiale, à la fois agricole et industrielle, alliant les plantations de cannes à sucre divisées en habitations, et l'usine de fabrication de sucre et de rhum, construite en 1862. L'usine était située à la Trinité (à la Martinique). Le siège était à Paris. Entreprise familiale, propriété d'Eugène Eustache, puis d' Emile Bougenot, puis des consorts Bougenot en indivision, elle est restée familiale et en indivision jusqu'en 1958. Elle se scinde ensuite en deux sociétés, l'une à vocation agricole (SCI), l'autre à vocation industrielle (SA).L'usine-exploitation est située sur la côte est de la Martinique, commune de la Trinité, toute proche de la mer. Elle tire son nom de la proximité de la rivière et de la baie du Galion.Les habitations-sucreries existaient dès le 17e siècle à la Martinique ; Eugène Eustache, négociant de Saint-Pierre, acquiert deux habitations dès 1849 par adjudication (Galion et Grand Fonds), puis réalise une véritable concentration en acquérant les habitations voisines, soit au total en 1883, à son décès, un domaine agricole de 2346 hectares. Son gendre Emile Bougenot devient en 1883 copropriétaire avec ses petits-enfants : envoyé à l'origine en Martinique par les établissements Cail en 1860 pour monter l'usine de Lareinty, il construisit aussi celle du Galion, et épousa la fille du propriétaire, Angéline Eustache. Il achète à son tour d'autres habitations, réunissant plus de 3233 hectares. L'usine fut construite entre 1862 et 1865 (1862, selon les plans techniques). Grâce au Crédit foncier colonial, créé à l'instigation de Napoléon III poussé par Jean-François Cail, industriel fabriquant des usines à sucre, Eustache obtint en 1862 un prêt pour monter l'usine. Les équipements furent l'oeuvre des établissements Cail, associés dès 1861 à Fives Lille, devenus en 1868 Compagnie de Fives Lille pour constructions mécaniques et entreprises. Cette entreprise était spécialisée en sucrerie, chemins de fer et travaux publics. Le Galion distille également le rhum.Le siège de la première entreprise (1862-1958) était parisien. L'indivision a maintenu cette entreprise jusqu'au bout dans un riche milieu parisien du 16e arrondissement, relativement fermé. Après les deux premiers propriétaires, Eugène Eustache de 1849 à 1883 puis Emile Bougenot de 1883 à 1925, ce fut l'indivision dite "consorts Bougenot" qui fut propriétaire. Elle prit pour directeur Carl Pellé, un des gendres de Bougenot. Une véritable dynastie, de son côté, occupa le poste d'administrateur puis de directeur, situé au Galion : Joseph de Laguarigue de Survilliers, de 1902 à 1929, Louis de Laguarigue de Survilliers de 1929 à 1965, Jean de Laguarigue, puis Laurent de Laguarigue. L'indivision portait le titre de consorts Bougenot ; Jean Pellé fut longtemps le mandataire des consorts.A partir de 1960, les difficultés s'accroissent. La rentabilité se détériore tout au long des années 1960 et 1970. Dès 1967 il ne reste que 6 usines à la Martinique, travaillant presque toutes en dessous du seuil de rentabilité, mais la culture de la canne à sucre reste socialement très importante, puisqu'elle emploie dix mille personnes (1500 dans le secteur industriel, les autres dans le secteur agricole). Les rendements sont insuffisants en raison de la pénurie de main d'oeuvre et de la difficulté de transporter rapidement la canne à sucre dans les usines. C'est en raison du risque financier qu'il est décidé de sortir de l'indivision et de créer deux sociétés, une agricole et une industrielle, avec l'objectif que la société anonyme industrielle parvienne à broyer 1300 tonnes de cannes par jour, et dans le contexte de la concentration avec une autre usine, celle de Bassignac (1962). La première société créée fut la société civile immobilière Exploitation agricole du Galion, à vocation d'exploitation agricole, créée le 29 septembre 1958 ; les habitations lui appartenaient, l'usine restait en indivision familiale, à laquelle les habitations étaient louées pour qu'elle les exploite. Jacques Georges-Picot, inspecteur des Finances (1900-1987), président de la Compagnie financière de Suez, époux d'Angéline Pellé, était l'un des propriétaires de la société civile immobilière et faisait partie des gérants dans les années 1970. Les deux sociétés restent très proches. La société à vocation industrielle, société anonyme des URGB (usines réunies du Galion et de Bassignac) fondée en 1962, a son siège à La Trinité. Son objet est la fabrication et la vente de rhums et sucres. Ses productions sont de grande qualité (sucre blanc, rhums Grand Arôme). Son président directeur général est Jean Pellé, son directeur à partir de 1966 est Jean de Laguarigue, installé au Galion. L'Exploitation agricole du Galion, créée dès 1958, a son siège à la Trinité et un bureau à Paris. Elle prend Jean (puis Jean-Loup) Pellé comme gérant, et Laguarigue comme mandataire. Elle avait un directeur, installé au Galion. Les deux sociétés sont localisées 76 boulevard Malesherbes à Paris, jusqu'en 1963. Elles ont une comptabilité commune jusqu'en 1961. A partir de 1962 ou 1963, le bureau parisien de la société anonyme est au 51 rue Cambon. Elle fusionne avec l'usine de Sainte-Marie en 1970, et prend en octobre 1970 le nom de Compagnie sucrière et rhumière de la Martinique (Cosurma). Elle déménage en 1976 au 11 passage Landrieu, toujours à Paris. Depuis 1984, cette usine toujours en activité est gérée par une société anonyme d'économie mixte. Une partie de l'usine originelle subsiste (bureaux, logements d'ouvriers, distillerie, canal), non protégée par les Monuments historiques (notice de l'Inventaire sur internet, 2003). En 2000, l'administrateur est Philippe Duchamp de Chastaigné. Il commande une étude sur les titres de propriété, notamment dans le but de faire valoir ses droits auprès de la commission départementale de vérification des titres de la Martinique.