Le présent inventaire porte sur deux fonds, celui de la sous-préfecture (1901-1956) et celui de la préfecture de Sétif (1956-1962), les deux étant étroitement mêlés. Plutôt que d'introduire des séparations factices dans les séries, il a été choisi de ne réaliser qu'un seul instrument de recherche : si pour la correspondance générale du cabinet, une description méthodique distincte a pu être faite entre les archives de la sous-préfecture et celles de la préfecture, dans tous les autres cas, la continuité entre ces deux institutions s'est marquée dans les fonds par des séries homogènes ; c'est le cas notamment des rapports produits par les services de police et gendarmerie, services pour lesquels la réorganisation administrative de 1956 n'a entraîné aucun changement dans le suivi des affaires ni dans la production documentaire.
Création et fonctionnement de l'arrondissement de SétifL'arrêté du 9 décembre 1848 portant sur l'organisation générale de l'Algérie érige en départements les territoires des trois provinces d'Alger, d'Oran et de Constantine. Des trois arrondissements originels (Constantine, Bône et Philippeville), le département de Constantine passe à sept arrondissements : Sétif et Guelma sont créés respectivement en 1854 et en 1874, Bougie en 1875 et enfin Batna en 1885.Erigé par décret du 20 janvier 1874, l'arrondissement de Sétif comprend alors 6 communes de plein exercice (Sétif, Aïn-Abessa, El-Ouricia, Bordj-Bou-Arréridj, Coligny et Saint-Arnaud ) et 4 communes mixtes (Bibans, Eulma, Maadid et Takitount). Si l'architecture des communes de plein exercice se complète régulièrement jusqu'à la veille de la Seconde Guerre Mondiale (5 communes sont créées entre 1880 et 1932), seules deux communes mixtes sont créées entre temps : M'Sila et Rhira, érigées respectivement en 1881 et 1884. Dès lors, ce dispositif, qui ne bouge plus jusqu'aux prémices de la Guerre d'Algérie accuse le même écart, commun aux autres territoires, entre les communes de plein exercice et les communes mixtes. C'est dans celles-ci que la sous-administration de l'arrondissement est la plus criante : on voit des administrateurs tenter de maintenir un contact suivi avec des populations pouvant atteindre les 55 000 habitants (communes mixtes des Eulma, des Maadid, de M'Sila, de Rhira et de Takitount), et ce avec des moyens extrêmement réduits ; les cas le plus extrêmes concernent la commune mixte des Bibans, qui totalise en 1937 69 000 habitants ou encore celle de M'Sila, qui couvre une superficie de près de 400 000 hectares.Le département de SétifLa création du département de Sétif s'inscrit de manière logique dans la série de réformes visant à remédier à la sous-administration du pays. Le décret n° 56-641 du 28 juin 1956 portant sur la réorganisation territoriale de l'Algérie divise les territoires du Nord en douze départements. A l'origine, le département de Sétif est formé des arrondissements de Sétif, Bordj-Bou-Arréridj et enfin Bougie, ce dernier arrondissement existant déjà et étant distrait du département de Constantine. Le décret n° 57-504 du 20 mai 1957 porte création de nouveaux arrondissements : pour le département de Sétif, il s'agit d'Akbou, de Lafayette, de Kerrata, de M'Sila, de Saint-Arnaud et de Sidi-Aïch.La crise de mai 1958, marquée par la constitution d'un Gouvernement de Salut Public, s'accompagne du transfert aux autorités militaires de pouvoirs normalement impartis à l'autorité civile : à Sétif, les généraux Delepierre puis Gandoet, commandants successifs de la zone Ouest-Constantinois (ZOC) sont chargés des pouvoirs civils dans le département, détenant l'ensemble des pouvoirs dévolus au préfet, tandis que dans chaque arrondissement les pouvoirs des sous-préfets sont confiés aux officiers commandants de secteur. En février 1960, préfets et sous-préfets sont rétablis dans leurs prérogatives administratives, le maintien de l'ordre relevant toujours de l'autorité militaire.Attributions du préfetLe préfet en Algérie détient des compétences que ne possède pas son homologue métropolitain, en particulier en matière d’administration et de surveillance de la population musulmane (nomination des administrateurs de commune mixte et de caïds, tutelle des djemaâs, application des textes sur l’Indigénat) et en matière de propriété (concession de lots de terres de colonisation, constitution de la propriété individuelle, délimitation des territoires des tribus et des douars). Le renforcement de l’administration départementale à partir de 1956 entraîne un net accroissement de ses pouvoirs. Ses compétences administratives s’élargissent considérablement en matière de police et de maintien de l’ordre, d’administration communale, de gestion du personnel et domaniale. Il faut, en effet, pouvoir répondre aux multiples problèmes que posent la création et le fonctionnement de plusieurs centaines de communes nouvelles, la sécurité et le contrôle des personnes, l’augmentation marquée du nombre de fonctionnaires depuis 1954 en raison des nombreuses créations d’emplois publics, de l’accession des Français musulmans d’Algérie à la fonction publique etc. Il reçoit, en outre, de nouvelles attributions de nature économique et sociale en élaborant, avec l’assistance de commissions spécialisées, des programmes de développement agricole et rural. Il est par ailleurs chargé de l’établissement et de la réalisation de l’équipement local. Le préfet peut déléguer une partie de ses pouvoirs de décision à certains de ses collaborateurs : les secrétaires généraux et les sous-préfets. Le cabinet du préfet Le cabinet s’occupe du courrier (dépouillement et répartition) et du courrier réservé, des audiences, des fêtes et cérémonies publiques, du protocole, des affaires confidentielles ou secrètes, des enquêtes administratives, des distinctions honorifiques, de la presse et de l’information, du personnel de l’administration départementale, du personnel des officiers ministériels et de Justice, des débits de la régie, des conflits sociaux, des appels à la générosité, des expulsions, des renseignements etc. Il est aussi en liaison avec les autorités militaires. Lui sont rattachés certains services spécialisés comme le Service des liaisons nord africaines (SLNA), le Bureau spécialisé de la défense nationale (BSDN) et le service des Affaires algériennes et de liaisons des SAS.