Les documents répertoriés constituent le fonds d’archives du bureau spécialisé de la défense nationale de la préfecture de Constantine. Le fonds couvre la grande majorité des archives de ce bureau à l’exception d’une partie de sa correspondance qui, avant la constitution de son propre secrétariat en 1955, se confond avec celle du cabinet de la préfecture de Constantine. Bien qu’ayant été créé en 1938, comme tous les bureaux spécialisés de la défense nationale métropolitains, le fonds d’archives du bureau spécialisé de la défense nationale de la préfecture de Constantine se compose également de documents plus anciens. En effet, il a hérité d’une documentation antérieure à sa création dont le document le plus ancien date de 1877. Les archives du bureau ont ainsi pour dates extrêmes 1877 et 1962, 1962 étant la date de la fin de l’administration française en Algérie.
Le bureau spécialisé de la défense nationale s’intègre dans l’organisation administrative coloniale de l’Algérie qui s’attache à reproduire l’organisation administrative métropolitaine. Créé par l'article 51 de la loi du 11 juillet 1938, le bureau spécialisé de la défense nationale a son organisation définie dans le décret du 14 janvier 1939. Les bureaux spécialisés de la défense nationale d'Algérie sont présents dans chacune de ses préfectures, à Alger, Oran et Constantine. Ils sont régis par les mêmes dispositions réglementaires que ceux de la métropole.Au départ étroitement lié au cabinet du préfet de Constantine, il s’en détache et devient un service à part entière. D’ailleurs ce n’est que dans les années 1952 et 1955, que ce service prend le nom de bureau spécialisé de la défense nationale après avoir été appelé service de la défense nationale puis bureau de la défense nationale.Le bureau spécialisé de la défense, dont les attributions ne cessent d’évoluer durant toute son existence, doit connaître toutes les questions relatives à la mise en condition du territoire, en vue de préparer, faire et supporter une guerre éventuelle. Il permet ainsi d’assurer une étroite coordination entre le commandant militaire divisionnaire et l’Autorité civile.
Le Comité de la défense nationale présidé par le Président de la république est un comité interministériel qui émet des avis sur toutes les décisions de caractère général concernant la défense de l’union française. Ce comité a un secrétariat appelé Secrétariat général permanent de la défense nationale. En ce qui concerne l’Algérie, le ministre de la défense nationale délègue au ministre résidant son autorité.Un Secrétariat permanent de la défense nationale, placé sous la haute autorité du gouverneur général de l’Algérie est chargé de représenter le Secrétariat général permanent de la défense nationale auprès du ministre résidant.Le bureau spécialisé de la défense nationale, placé sous la haute autorité du préfet est chargé de suivre l'exécution des travaux de défense nationale, de centraliser et de coordonner les décisions prises en matière de défense nationale à l'échelle départementale. Il a compétence organique pour traiter de nombreuses affaires.
Les attributions départementales du bureau sont en constante évolution. Elles sont étroitement liées au contexte national et au contexte intérieur de l’Algérie.De 1938 à 1952, il a un travail limité qui se résume à assurer l'exécution des instructions du Gouverneur général en matière de défense nationale et à coordonner :
- la défense du territoire et des centres de colonisation (dispositifs restreints de sécurités)
- la défense passive
- le maintien de l’ordre
- la coordination du contrôle de l'armement mis à la disposition des collectivités locales
- la mobilisation dans tous les domaines
- le ravitaillement
- les réquisitions.
À partir de 1952, les attributions s’étoffent. Il est ainsi chargé de :
- la protection des points sensibles
- des affectations spéciales du personnel nécessaire, en temps de guerre, pour assurer la satisfaction des besoins des professions administratives, industrielles, commerciales et agricoles
- la préparation des réquisitions automobiles
- l’organisation des transports routiers en temps de guerre
- l’organisation économique en temps de guerre
- coordonner et de centraliser les renseignements relatifs aux affaires politiques, à savoir :
- 1. Les partis politiques européens et algériens
- 2. Les syndicats
- 3. Les grèves
- 4. Les membres des diverses assemblées ou personnalités politiques.
En 1954, le BSDN coordonne le plan de réquisition immobilière. En 1955, des attributions découlant de la guerre Algérie viennent se greffer aux autres :
- l’application des pouvoirs spéciaux :
- 1. Assignation à résidence et interdiction de séjour
- 2. Mise en place et organisation des zones interdites
- 3. Interdictions des réunions publiques ou privées
- 4. La fermeture de lieux publics
- 5. Le contrôle des moyens d'expression
- 6. Les mesures prévues à l'encontre des fonctionnaires
- 7. La responsabilité matérielle collective
- 8. L’enlèvement des armes
- 9. Les perquisitions.
- la coordination des centres de renseignement et d’opérations (CRO)
- les unités territoriales
- la coordination du plan de protection qui englobe les domaines suivants :
- 1. La défense et l’armement des centres
- 2. L’armement des communes mixtes
- 3. La protection des fermes isolées
- 4. Le système d'alerte des centres isolés.
- la mise en place des relations avec l'armée en permettant la coordination :
- 1. des officiers des renseignements des services d'État-major
- 2. du concours de l'armée en temps de grève
- 3. des manœuvres interarmes
- 4. des commissions d'évaluations des dégâts
- 5. de l’approvisionnement en essence des armées
- 6. du rappel des réservistes français musulmans
- 7. des exercices de champ de tir de circonstance et de cadre
- 8. du transport de matériel militaire
- 9. de la coordination des services de sécurité des forces armées
- 10. de la participation de corps de troupes et de musiques militaires à des manifestations civiles ou officielles
- 11. du recensement des réservistes titulaires du permis de conduire.
- la protection du secret dans les entreprises travaillant pour la défense nationale
- les étrangers en cas de mobilisation
- le contrôle et la surveillance de l’armement, des transmissions et des transports
Il importe d’insister sur le fait que le BSDN n’est pas un organe d’exécution mais uniquement un organe de coordination et de centralisation en matière de défense nationale à l’intérieur du département. L’étude, l’organisation et la réalisation des mesures à prendre incombent aux services départementaux.
Le bureau doit être constitué par un personnel réduit en nombre en temps de paix, mais élevé en qualité et placé en position centrale auprès du préfet en temps de guerre.Le chef du bureau est placé sous l'autorité directe du préfet. Il travaille en liaison étroite avec tous les services dépendants du préfet, les services municipaux et les autorités militaires divisionnaires. Il est attendu de lui qu’il soit familiarisé avec la réglementation pour l'exercice convenable de ses attributions mais également parce qu’il est le conseiller de tous les chefs d'entreprises ou des services administratifs. Il doit avoir une action effective sur les principaux services de la préfecture.Le service se compose en principe de fonctionnaires et d'officiers. De nombreuses dispositions prévoient ponctuellement ou de manière définitive le personnel suivant : dactylographes, attaché de préfecture, inspecteur de police, agents de police des renseignements généraux, auxiliaire de bureau, commis archiviste, secrétaire administrative, et des contractuels.L'affectation complète du personnel jugé indispensable au fonctionnement du bureau n'a jamais été totalement respectée avant 1952 et pendant plusieurs années un seul fonctionnaire assume le travail de rédaction et de gestion des archives. Le préfet n'a cessé de réclamer au Gouverneur général du personnel pour lui permettre de mener à bien sa tâche. Ses fonds départementaux étant insuffisants, il réclamait du personnel dont les traitements devaient être imputés au budget de l'Algérie. L’application des pouvoirs spéciaux dont elle a la responsabilité à partir de 1955 a apparemment entraîné une augmentation de son personnel. Il est évident que la gestion des assignations à résidence qui occupait la majeure partie du temps le personnel durant les sept dernières années de son existence, a obligatoirement nécessité davantage de fonctionnaires.