Deux principales séries structurent ce fonds. L'une concerne un seul type de délits correctionnels (ceux dits de terrorisme liés à la guerre d'Algérie) et seulement les années 1956 à 1962 (avec parfois des pièces de 1955). Ces dossiers sont ceux ouverts par le ministère public lorsqu'il décidait de poursuivre des délits qualifiés d'atteinte à la sûreté extérieure de l'État, ou d'une qualification très voisine.Ils contiennent les significations du jugement, assignations à comparaître, ordonnances de renvoi devant le tribunal correctionnel de Bougie, le réquisitoire introductif et définitif, les ordonnances de soit-communiqué, de mise en liberté provisoire, les procès-verbaux d'interrogatoire, d'arrestation ou perquisition, d'audition de témoin ou de confrontation (gendarmerie, brigades mobiles de police judiciaire), le casier judiciaire, les mandats de dépôt, mandats d'arrêt, notes d'audience, les avis de cessation de recherches.Ce sont parfois des flagrants délits ou des citations directes, mais essentiellement des informations judiciaires. Les accusés sont presque toujours des Français Musulmans.lI s'agit de démantèlement de cellules terroristes, de cellules de collecte de fonds pour le FLN, de bandes armées associées en vue de commettre des destructions, comme un sabotage de lignes télégraphiques, de faire du guet ou des liaisons ; ou de découvertes d'armes ou de munitions.Les procédures se fondent par exemple sur des papiers trouvés sur un cadavre ou à un domicile, ou dans les aveux de suspects arrêtés.La décision du tribunal est résumée sur la première page du dossier ; en général, il s'agit d'un certain nombre de mois de prison. Fréquemment, le jugement complet est présent (extrait des minutes du greffe). Très rarement, des pièces à conviction ou scellés sont dans le dossier (courriers de l'ALN (Armée de libération nationale), carnets en arabe, carnets de comptes).La date de clôture du dossier est celle de l'audience du tribunal correctionnel. La date d'ouverture de l'information se place la même année que l'audience, ou l'année précédente. Les dossiers ne couvrent par conséquent que deux ou trois années en général ; aucune pièce n'est antérieure à 1955.Mais il peut y avoir exceptionnellement des pièces postérieures au jugement d'un ou deux ans : avis de cessation de recherches, ou de décès de la personne recherchée.En cas d'appel, soit celui-ci est simplement mentionné sur la chemise du dossier de façon manuscrite avec sa date, soit les pièces de début de la procédure d'appel sont jointes (requête d'appel, expédition de l'acte d'appel, inventaire de pièces, état de frais, assignation à prévenu). L'appel avait lieu à la cour d'appel de Constantine. Exceptionnellement, le procureur général de Constantine faisait retour de l'arrêt de la cour d'appel au procureur de Bougie ; on peut alors le trouver dans le dossier. Dans de rares cas, le dossier est presque vide, l'affaire étant partie en appel.Cette série présente l'immense intérêt de montrer comment la justice française sur place sanctionnait les délits commis dans ce cadre pendant la guerre d'Algérie (mais non les crimes, qui relevaient des cours d'assises), et ce jusqu'au début 1962. Les dossiers montrent également le fonctionnement pratique des cellules nationalistes (organisation, ravitaillement, comptes...)Une deuxième série contient les affaires dites terroristes classées sans suite, de 1955 à mai 1962 : il s'agit des procès-verbaux d'enquête préliminaire. Aucune suite n'a été donnée à ces affaires. Cette série évoque bien la vie quotidienne dans le ressort du parquet de Bougie en pleine guerre d'Algérie.Parmi les autres articles du fonds, sont à remarquer deux cartons sur les faits activistes en 1961-1962, avec des rapports au procureur général, un dossier sur les exécutions capitales réalisées à Bougie de 1906 à 1941, et un petit dossier sur l'action judiciaire après le cessez-le-feu de mars 1962. Les autres articles relèvent de la gestion ordinaire d'un parquet (contrôle des officiers de police judiciaire, rapports des compagnies de gendarmerie sur l'état d'esprit des populations).