Le fonds décrit ici n’est pas constitué de la totalité des archives de la sous-préfecture de Constantine à la veille de l'indépendance de l'Algérie. De fait, seule la partie des archives transférée en France a pu être analysée. Par ailleurs, il est raisonnable de penser que des parties du fonds ont été successivement envoyées aux sous-préfectures créées à partir de 1955. C’est ce qu’a attesté le classement de la sous-préfecture de Tébessa : « des documents issus de la sous-préfecture de Constantine, dont relevaient les communes mixte et de plein exercice de Tébessa, ont été envoyés à la sous-préfecture pour documentation, et sont donc présents dans ce fonds »
« Répertoire numérique détaillé de la sous-préfecture de Tébessa », par Julien Benedetti sous la direction d’André Brochier, CAOM, 2006, p. 7.
.Ces archives sont des documents administratifs classiques (lois, décrets, circulaires, arrêtés, correspondance, rapports, statistiques, etc.). Il convient toutefois de souligner l’importance quantitative des traces du temps de guerre : notices individuelles de renseignements et procès verbaux comportant photographies, schémas, cartes et plans. On trouve aussi quelques imprimés (brochures, tracts, affiches).Les dates extrêmes des documents découlent de l’existence de la sous-préfecture. Les quelques pièces antérieures à la prise de service de cette administration en 1942 ne consistent qu’en documentation juridique.
L’arrondissement de Constantine est créé par arrêté gouvernemental du 9 décembre 1848. Malgré son étendue et son importance, il est administré par les secrétaires généraux de la préfecture qui ne peuvent qu’exceptionnellement l’inspecter. En effet, c’est l’arrondissement le plus vaste (30 065 km²) et le plus peuplé (780 951 habitants
Selon le recensement de 1936, hors ville de Constantine.
) d’Algérie. Ce « grand arrondissement de Constantine » perdure tel quel jusqu’aux réformes entamées en 1955. Il s’étend dans sa plus grande longueur de la Méditerranée (commune d’El-Milia) aux Territoires du Sud et à la Tunisie (commune de Tébessa) et compte alors plus du quart des communes du département : 23 communes de plein exercice (Constantine comprise) et 9 communes mixtes. Le coeur de cette circonscription, le tell, en est la partie riche et colonisée et, de fait, la zone des communes de plein exercice (à l’exception d’Aïn-Beïda et de Tébessa). C’est avant tout une région de céréaliculture, notamment de blé dur. Dans la périphérie, alors que le littorale recèle quelques forêts et oliveraies, l’élevage extensif du mouton est pratiqué sur les hauts plateaux. L’industrie, résidant principalement en minoteries, est médiocre à l’exception des mines de fer de l’Ouenza. Fatalement, l’est de l’arrondissement subit l’attraction économique du port de Bône.A partir de la loi du 7 août 1955 qui inaugure le département de Bône, les créations successives des arrondissements de Mila, El-Milia, Aïn-M’Lila, Aïn-Beïda, Tébessa amputent la circonscription de la majeure partie de son territoire. En 1958, il ne reste que le coeur riche du « grand arrondissement de Constantine » qui s’étend sur seulement 3 900 km² et compte 310 000 habitants
FR ANOM 93/4402 - Préfecture de Constantine, Service des Liaisons Nord-Africaines : Situation à l’échelon de l’arrondissement par la PRG Constantine (15 avril 1958).
.Le poste de sous-préfet de Constantine est institué par arrêté du Gouvernement général du 25 novembre 1942, comme il en est dans les arrondissements chefs-lieux d’Alger et d’Oran. Supprimé le 18 avril 1943 pendant les opérations militaires de Tunisie, ce poste est rétabli le 28 janvier 1944. De sa création à sa disparition, les pouvoirs du sous-préfet sont sans cesse renforcés. A l’origine, l’immensité de l’arrondissement conduit à en faire une circonscription sous-administrée. En 1946, outre son rôle de police, de renseignement et d’inspection, le sous-préfet reçoit, en Algérie seulement, des tâches économiques (Plan d’action communal en 1946 et Travaux d’intérêt communal en 1950). Le décret du 29 mai 1956 élargit ses attributions administratives : il devient le tuteur des communes existantes et de communes nouvellement créées. Finalement, en 1959, « l’arrondissement doit être la cellule administrative de base »
Collot (Claude), « Les institutions de l’Algérie durant la période coloniale (1830-1962) », Paris et Alger, CNRS et Office des publications universitaires, pp. 61-66.
.Une monographie de 1948
FR ANOM 93/1030 - Préfecture de Constantine, Cabinet : monographie de l’arrondissement de Constantine par le sous-préfet (janvier 1948). A noter certains détails prosaïques : la sous-préfecture est localisée 1, bd Ernest Mercier (adresse provisoire) dans un 3 pièces en rez-de-chaussée ne comportant ni jardin ni garage et dispose d’une Citroën 11 CV à traction avant ; l’appartement du sous-préfet, qui revient à 5 000 francs par mois, est situé 25, avenue Anatole France dans l’un des plus beaux immeubles de la ville et peut réceptionner 20 personnes au maximum.
souligne certaines particularités administratives de la sous-préfecture de Constantine : elle ne comprend ni bureau de la circulation (passeports), ni bureau des allocations militaires, ni bureau régional du ravitaillement. Ces services sont assurés directement à la préfecture
Il en est certainement de même fin 1955 lors de la création des Centres de liaisons et d’exploitation d’arrondissement. Il n’existe aucune mention d’un CLEA au sein de la sous-préfecture de Constantine.
. En outre, l’arrondissement chevauche les ressorts judiciaires de deux tribunaux (Constantine et Guelma), ceux de 21 brigades de gendarmerie et deux circonscriptions des Travaux publics (Constantine-Philippeville et Bône-Guelma). Le personnel compte alors un administrateur des Services civils d’Algérie, un secrétaire principal des Services civils, un secrétaire-interprète, un standardiste-archiviste, deux dactylos, un gardien de bureau-cavalier, un chaouch, un chauffeur.