Ce fonds de sous-préfecture, comme beaucoup de fonds analogues, contient peu de documents antérieurs à 1944. Il offre un éclairage intéressant sur l'état d'esprit des populations musulmanes (de par la surveillance exercée), sur la guerre d'Algérie, et surtout sur la vie politique dans un...
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Ce fonds de sous-préfecture, comme beaucoup de fonds analogues, contient peu de documents antérieurs à 1944. Il offre un éclairage intéressant sur l'état d'esprit des populations musulmanes (de par la surveillance exercée), sur la guerre d'Algérie, et surtout sur la vie politique dans un territoire très proche d'Alger. Les développements qui suivent insistent sur ces points.
La surveillance s'exerçait en effet depuis 1944 sur la presse musulmane, l'enseignement coranique, les confréries (dès 1937), les associations et syndicats musulmans, et donnait lieu à des rapports sur l'état d'esprit. Les dossiers datant de la guerre d'Algérie montrent bien l'imbrication étroite entre le pouvoir civil et le pouvoir militaire. La correspondance avec le colonel commandant le secteur de Blida et avec la gendarmerie semble quotidienne ; les informations reçues sur les événements locaux donnent lieu à un ensemble de documents reçus au jour le jour. Le sous-préfet participe aux réunions de l'état-major mixte à la préfecture d'Alger. Les dossiers sur l'action psychologique retiennent l'attention, ceux qui relatent l'action des sections administratives spécialisées également - ils indiquent notamment l'utilisation des fonds dits spéciaux -, enfin la série des dossiers d'indemnisation de victimes de dommages de guerre est conservée (notamment dommages aux biens, en cette région très agricole).
Les rapports journaliers des commissariats de police de 1954 à 1961, les rapports des Renseignements généraux et ceux de la gendarmerie permettent de suivre la vie des populations au quotidien. Les rapports mensuels du sous-préfet (au préfet ou au général exerçant les pouvoirs civils à Alger) indiquent comment le sous-préfet se représentait l'atmosphère et la situation dans son territoire, de 1945 à 1959.
Les dossiers classiques d'administration générale comprennent notamment les distinctions honorifiques, la surveillance des radios et de la presse, les demandes de gérance de café maure, les états numériques des étrangers de 1956 à 1960, quelques papiers sur le sport et le scoutisme musulman ; on remarque aussi des dossiers sur les suspects internés de 1944 à 1946, en raison de leur attitude pendant la période vichyste, et d'autres dossiers sur les Espagnols et les Italiens suspects (de 1945 à 1954). Une série de pièces relatives à des demandes de passeports, de visas, d'autorisations de voyage ont également été conservée pour la période allant de 1954 à 1962.
Mais c'est surtout la vie politique locale qui bénéficie d'un éclairage par ce fonds d'archives. Le Parti communiste algérien est suivi de 1944 à 1961, l'ensemble constitué par le Parti du peuple algérien et le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques est surveillé de 1937 à 1955. Les élections font l'objet de dossiers dès 1945 (législatives, cantonales, municipales) de même que la création des délégations spéciales dans les communes en 1956 (décret du 17 mars 1956). Surtout, d'innombrables rapports de police décrivent les réunions syndicales, et les grèves (notamment à l'hôpital psychiatrique de Blida). Enfin, le sous-préfet semble avoir constitué et annoté ses propres dossiers en 1960-1961. Dans cette période troublée, il suivait avec attention les mouvements pro-Algérie française, l'OAS, le putsch des généraux en avril 1961 (puisqu'il fut arrêté par les partisans de l'insurrection à cette occasion) et les sanctions qui durent être prises après le retour à l'ordre. La région de Blida semble avoir été particulièrement activiste. Au total, la surveillance de la vie politique a permis à ce fonds d'archives de recéler une grande quantité de tracts provenant de toutes les tendances.